0

Le métier de traducteur appelé à disparaître ?

Elise Vander Goten • mars 27, 2024

Le métier de traducteur appelé à disparaître face aux progrès de l’intelligence artificielle ?

« La traduction de la littérature est-elle à la portée d’une machine ? » Cette question, c’est Philippe Mettens, administrateur UMons, qui nous la pose, dans l’avant-propos de « Être humain pour traduire », ouvrage collectif paru aux Éditions universitaires de l’UMons sous la direction de Catherine Gravet. Dans les lignes qui suivent, nous tentons d’y apporter une réponse claire et précise, en regard des récentes études menées sur le sujet.


Alors que l’intelligence artificielle prend de jour en jour une place de plus en plus prégnante dans nos quotidiens, le monde du travail fait lui aussi face à d’importants bouleversements. C’est particulièrement frappant dans le secteur de la traduction, où l’émergence de cette nouvelle technologie a d’ores et déjà des effets collatéraux. 


De fait, l’apparition de logiciels de traduction tels que DeepL n’est pas sans conséquences sur les traducteurs de métier, qui se voient désormais proposer des contrats de post-édition de textes pré-traduits par des machines. « Les étudiantes et les étudiants hésitent à entreprendre des études de traduction tant ils appréhendent la concurrence », souligne à ce propos Philippe Mettens. 


Mais un algorithme est-il véritablement capable de traduire aussi bien que le ferait un être humain ? Une telle automatisation ne risque-telle pas, à terme, de nuire à la qualité des contenus produits ? 


Des traductions moins qualitatives ?


C’est en tout cas la crainte de l’Association des traducteurs littéraires de France, qui au mois de décembre 2022, dévoilait une enquête menée auprès de 400 traducteurs et traductrices. Sur la moitié des personnes interrogées, 50 % des répondants affirmaient en effet que le travail de relecture et de vérification d’une traduction réalisée grâce à l’IA requérait, en définitive, davantage de temps qu’un travail de traduction classique, et ce pour un tarif moindre. 


Même constat du côté de l’Association des Autrices et Auteurs de Suisse, qui a elle aussi mené une étude approfondie à ce sujet, notamment en soumettant plusieurs traducteurs à un exercice de post-édition. Résultat des courses : l’IA ne serait pas encore suffisamment performante et élaborée pour comprendre certaines subtilités, traits d’humour et nuances de la langue. 


En outre, on constate que les logiciels traduisent de manière standardisée, dans un style appauvri et uniforme, qui ne rend pas compte de la richesse de l’œuvre originale. 


Pour l’heure, il apparaît donc que l’intervention d’un être humain reste indispensable pour produire une traduction aussi qualitative que possible, quelle que soit la langue concernée. À voir si, à l’avenir, l’IA saura faire montre d’une sensibilité artistique plus aiguë, lui permettant de se mesurer à l’exercice difficile de la traduction littéraire. 


Un problème juridique


Outre la précarisation des traducteurs et un appauvrissement des traductions, le recours aux IA dans le monde de l’édition soulève également un problème de droits d’auteur.


En effet, il faut savoir que l’algorithme d’une IA repose sur un corpus de textes qui ont, quant à eux, été rédigés par de véritables auteurs et traducteurs. Lorsque Chat GPT ou une autre IA compose un texte, celui-ci se base donc sur un ensemble d’écrits préexistants, en reprenant à son compte certaines formulations et tournures de phrases qui ne lui appartiennent pas. La preuve, là encore, que les IA ont plus besoin des traducteurs qu’on ne pourrait le penser !


Chat GPT le dit lui-même : « pour des traductions de haute qualité et adaptées à des contextes spécifiques, le rôle des traducteurs humains restera essentiel ». 


Pour en apprendre plus sur l’art délicat de la traduction, nous vous invitons à découvrir « Être humain pour traduire », paru en 2023 aux Éditions Universitaires de Mons sour la direction de Catherine Gravet.



4 astuces imparables pour faire aimer la lecture à votre enfant
par Elise Vander Goten 02 avr., 2024
Dans notre monde ultra-connecté, la lecture tend à perdre du terrain face à d’autres activités requérant moins d’efforts, et ce en dépit des nombreux avantages qu’elle présente pour les plus jeunes, tant sur le plan intellectuel que relationnel. Mais comment pousser nos enfants à lire davantage ?
« Matières vivantes » : quand la nature inspire la science
par Elise Vander Goten 02 avr., 2024
La nature comme source d’inspiration dans la recherche scientifique : une pratique initiée par Léonard de Vinci. C’est ce que s’emploie à nous démontrer le chimiste Mathieu Serin dans « Matières vivantes. Créer des matériaux bio-inspirés »
Parler d'écologie avec nos enfants
par Elise Vander Goten 28 mars, 2024
Thème récurrent dans l’actualité, le réchauffement climatique suscite de nombreuses interrogations chez les plus jeune. Même s'il n’est pas toujours simple d'y répondre, il est essentiel de les sensibiliser à l’écologie et ses enjeux.
Plus de posts
Share by: